lundi 14 janvier 2019

Rituels d'hiver


L’hiver est là depuis plusieurs semaines déjà.
Mais avant Noël ça reste l’automne. Même s’il fait froid, même si la neige tombe on est dans l’incertitude que tout ça est pour de bon. Puis le temps des fêtes arrive avec son cortège de décorations, de cadeaux, de veillées, de repas, de visites et d’excitation. Tant et si bien que nous commençons l’année fatigué,e,s et décentré,e,s.
C’est à ce moment que la médecine de l’hiver peut nous aider.

L’hiver est en lien avec le nord, le froid, la sagesse.
Et c’est la mère ours qui pour moi le représente le mieux.
Recroquevillée au fond de sa tanière, retirée du monde la voilà en gestation de ses projets à venir. L’hiver est un temps d’incubation, d’introspection. Un moment pour consentir à ralentir, se reposer et rêver … rêver à ce que nous ferons pousser lorsque la lumière sera de retour.
L’hiver c’est aussi une vieille grand-mère… une vielle grand mère sage, qui sait continuer de se bercer même si la tempête souffle dehors. Elle sait continuer de se bercer, parce qu’elle sait aussi que tout va passer, elle en est la preuve. Alors elle se berce et songe à ce qu’elle va transmettre, ce qu’elle va laisser de ses pas sages.

Dans sa lenteur et son immobilité l’hiver est un grand moment d’intégration et de régénération. Nombre de graines ont besoin de longues périodes de froid et de noirceur, sans quoi elles ne pousseront pas le printemps venu. Même si nous pensons être au-dessus tout ça, nous n’échappons pas à cette règle. Pour nourrir nos projets en devenir, il nous faut les couver, les maintenir au chaud, les veiller en prenant soin d’intégrer ce que nos expériences précédentes nous ont apprises.

Avec la cadence du monde d’aujourd’hui c’est plus facile à dire qu’à faire j’en conviens et c’est pour cette raison que j’ai eu envie de vous partager quelques rituels susceptibles de vous inviter à cette lenteur, au temps du rêve, afin de laisser l’hiver s’infuser en vous malgré l’exigence du quotidien.

Créer une table de saison
C’est un rituel que nous avons avec les enfants, mais qui peut très bien s’ajuster aux besoins de chacun. Il s’agit de choisir un petit endroit dans lequel nous allons figurer l’hiver. Chez nous, ça se passe sur le comptoir ! Chaque saison a son tissu, ses figurines, petits animaux afin de mettre en scène l’âme de ce que la nature nous offre, l’âme de ce dans quoi nous vivons sans parfois prendre le temps de s’en apercevoir, de l’observer, de le vivre. Prendre soin de figurer ce petit monde dans un coin de la maison, c’est prendre le temps de figurer cette saison dans un recoin de nous-même afin de s’en imprégner et de lui prêter attention.

Poser ses intentionsLorsque la table de saison est créée, nous déposons nos intentions; comment nous souhaitons vivre cet hiver, qu’avons-nous envie de ressentir en nous, quels sont nos besoins ? Quels sont nos rêves ?

Lire des histoires
Puis nous lisons des histoires.
Qu’il s’agisse d’histoires pour les enfants ou pour moi même, les histoires ont la vertu de nous transporter dans un ailleurs, de nous faire nous imaginer, nous projeter  et éprouver des sensations et émotions.
Ainsi l’Esprit de l’hiver nous pénètre peu à peu et se distille en nous.
Mon histoire préférée est sans doute la Légende de l’oiseau Arc en ciel. Une légende Crow qui a été déclinée de toutes sortes de façons mais qui d’une manière ou d’une autre nous ramène à l’essentiel; le besoin de chaleur, la couleur que l’on veut donner à nos vies et la nécessité de s’entraider.

Dessiner, peindre
Inspirés par ce que l’histoire nous a fait vivre, nous a permis de comprendre sur nous ou de mettre en lumière, nous prenons un temps pour dessiner. Dessiner, peindre nous invite à prendre un temps au calme, en famille ou en solitaire pour nous abandonner à nos pensées, nous laisser dériver, explorer et voir ce qui va émerger. Créer sans objectif d’esthétisme  c’est lâcher prise, arrêter momentanément de tout contrôler et laisser la magie opérer afin d’observer ce qu’elle a à nous raconter. 

Faire de la raquette

S’il vous reste de l’énergie et du temps, ou alors un autre jour, je vous invite à aller faire de la raquette. Dans les raquettes cet entrelacs  traditionnel de babiche et de bois se loge une ancestralité, un savoir fait de tradition, de rite et de transmission qui continuent de nous habiter, de nous transporter même si nous croyons avoir tout oublié. Marcher dehors en raquette c’est renouer avec ces temps anciens, c’est convier le corps et nos sens à notre quête, c’est se déplacer lentement et sentir l’air sec entrer dans nos poumons, le froid qui pique nos joues et faire des volutes de fumée à chaque expiration. Marcher dans la neige force à se sentir en vie, à sortir de notre tête pour se laisser happer par le monde qui nous entoure; les arbres dressés debout dans la froidure, les traces laissées par les animaux, le croassements de quelques vieilles corneilles, le chuchotement du ruisseau. Autant d’occasions de tendre l’oreille, de sortir de notre mental et de se promener dans de nouveaux espaces au dehors comme au dedans.

Tisane, chocolat chaud et bain parfuméAprès un moment vivifiant, rien de tel que de s’accorder un repos bien mérité. Peu importe que vous préfériez une tisane aux plantes de saison (bouleau, sapin), un bon chocolat chaud ou un grand bain, l’idée étant de s’offrir un autre moment de calme, de se réchauffer, de se détendre et de prêter l’oreille à ce qui se manifeste en nous. Dans ces moments de grande quiétude notre corps nous parle, notre petite voix aussi. Ils nous racontent l’allégresse ou la tristesse, l’énergie que nous avons où celle qui nous manque, les rêves qui naissent et ceux qui s’en vont. Dans ce tendre cocon hivernal se tisse un monde porteur de sens qui ne demande qu’à être entendu afin de pouvoir un jour s’incarner dans la matière et apparaitre au grand jour.

Bon hiver !



Tous ces rituels peuvent se réaliser seul, en groupe ou en famille.
L’important étant seulement de déterminer votre intention et de la partager avec ceux qui vous accompagnent ou veillent votre retrait momentané du monde.

Pour celles qui aimeraient le vivre de façon soutenue je vous donne rendez-vous dimanche le 20 janvier prochain de 13h30 à 16h30 à la yourte Eskoumina. Nous partirons ensemble à la rencontre du Rêve de la Femme Hiver.

Peut importe ce que vous choisirez et ce qu’il vous sera possible de faire ces rituels demeurent actifs et porteurs pour l’hiver entier, à vous de les répéter à souhait !

mercredi 9 janvier 2019

Marcher avec la tempête

Depuis trois jours une tempête s’annonçait !
Au petit matin le ciel est devenu blanc, gris et le vent s’est mis à souffler. Cette fois-ci c’était vrai.

Plus tard dans l’après-midi les flocons se sont mis à tomber, puis le vent a redoublé. À présent il neigeait à l’horizontal, les rafales se succédaient, tandis que les arbres ployaient sous les bourrasques. Ça m’a donné envie de sortir, sortir de mon confort, de ma tiédeur. Envie d’aller marcher dehors, envie de me sentir en Vie ! Marcher dans la tempête, me confronter aux éléments, me faire bardasser par le vent qui hurle à mes oreilles, me déstabilise et me soutient en même temps, perturbe mon équilibre. Jouer à ce jeu où arc boutée sur lui, je cherche un peu d’appui, jusqu’à ce qu’il me renverse où me lâche … dans les deux cas c’est la chute. Mais j’aime ce jeu de puissance, de nuance, de subtilité et de douceur à la fois, de défiance, de lâcher prise absolu en même temps que de grande mobilisation.
J’aime ressentir cette force qui peut faire fi de moi… me faire sentir peu de chose. Relativiser mon importance, mes responsabilités, mes engagements, mes souffrances et me laisser appartenir à quelque chose de bien plus grand. Me lier à l’univers toute entière.
J’aime savoir que lorsque je vais rentrer à la maison, tout va bien aller, je serai au chaud et en sécurité, entourée de ma famille adorée et en santé.
J’aime me rappeler nos rituels de tempête enfants, alors que nous faisions du pain avec notre maman.
J’aime sentir que si j’entre dans la forêt, tout est beaucoup plus apaisé. En retrait, à l’abri du monde, même de la tempête, la forêt me tend les bras, me berce et me protège.
J’aime voir les pistes des animaux, m’imaginer ce qu’ils ont fait aujourd’hui sans se soucier de ce fracas qui effacera toutes les traces de leur passage, ni craindre de ne plus retrouver leur chemin.
J'aime marcher et ne rien voir, devoir plisser les yeux et toucher au précieux, transportée dans une autre réalité.
J'aime me laisser chevaucher par cette fureur qui n'est que passagère, messagère.
J’aime ressentir au plus profond de moi que malgré la tempête la vie continue.
Et tandis que la force du vent m’emporte je me sens libre, libérée de tout ce poids qui pèse sur moi, comme si l’intensité du vent relativisait celle qui se tapit, se presse et se compacte dans les tréfonds de mon être.
J’aime ce moment où l’on peut se rendre, baisser les armes, arrêter de guerroyer et se reposer.
J'aime cette idée de pouvoir hurler à fendre l'âme tout en étant debout.

Le soir venu la tempête est installée. La maison se met à se tordre, à craquer, les vitres à vibrer. La tempête est là, rugissante. Alors je me mets à penser à cet après-midi où j’ai marcher avec la tempête et la possibilité, dans la vie, de marcher AVEC la tempête. J’aime les analogies que me propose la nature pour mieux comprendre mon quotidien, comprendre ce qui s’adresse à moi et qui fait que ma vie a du sens. Est ce que dans la vie nous pourrions marcher avec nos tempêtes, plutôt que de nous battre, de refuser en permanence, de s’empêtrer, de s’encolérer, de s’épuiser…
Aujourd’hui la réflexion ait aisé, je suis dans un moment de vie où ça va bien, même si c’est toujours risqué de dire ce genre de choses… comme si on craignait chaque fois le retour de bâton. Oui cultivons la gratitude, mais ne clamons pas trop fort que tout va bien, on ne sait jamais le vent pourrait tourner. Alors je le dis sans trop faire de bruit et en touchant plein de bois ! Mais c’est justement parce que je vais bien en ce moment, parce que je ne suis assaillie que par un nombre raisonnable de monstres, que je peux me permettre d’accueillir cette réflexion et de la partager… car nous le savons tous et toutes, quand la tempête survient, rugit et nous fracasse on accueille plus, on ne réfléchit plus, on ne partage plus, on est plus inspiré mais juste aspiré sans trop savoir comment ça va finir ni ce qui va nous arriver ou rester de nous. Et j’en convient il y a des tempêtes plus douces que d’autres; un incident à l’école est moins pire que l’annonce d’un cancer, et la perte d’un travail moins pire que celle d’un être cher. Il y a des marches plus faciles que d’autres… n’empêche  que l’on marche avec la tempête malgré tout, avec son intensité, avec ses havres de repos, avec les indices qu’elle nous laisse et ceux qu’elle efface. Et les femmes qui viennent à la yourte prendre part aux cercles de paroles et différents ateliers, me le rappellent régulièrement. Certaines d’entres elles traversent des épreuves très rudes. Au début de leur prise de parole, elles sont émues, confuses, en larmes, parfois même en gros sanglots, comme nous le sommes tous et toutes au moment où une tempête s’abat sur nous. Elles sont démunies, affaiblies, assaillies et puis à force de mots, l’intensité s'essouffle, s’estompe, les larmes se tarissent et souvent un sourire réapparait comme un soleil entre de gros nuages. La tempête semble passée… pas totalement, mais suffisamment pour pouvoir respirer, reprendre son souffle, retrouver sa trace. L’onde de choc, les plus grosses rafales, le corps à corps sont derrière. 

Il ne reste que le calme plat, le grand silence qui suit les déchainements, les pertes de contrôle. Le temps est à évaluer les dégâts, rapailler ses morceaux et aller de l’avant.  À présent l’esprit et le cœur allégés il devient possible de marcher avec la tempête, se laisser chevaucher par le grand vide qui a rendu le ciel limpide… comme une nouvelle page à écrire, un nouvel avenir à apprivoiser… le temps de réapprendre à marcher.

Ainsi les tempêtes nous permettent de nous démembrer tout en continuant d'exister. Elles opèrent comme une mue, une sorte de mise à nu à l'univers, un ultime consentement à cette grande marche sur Terre.

Ce soir enfouie sous les couvertures, mon bambin accroché au sein, bercée par les accords lancinants de mon grand, tandis que ma chipie chérie s'assoupie dans son lit et que l'homme nourrit le feu, je vais écouter la clameur et la fureur de la tempête, sans peur, car elle est à l'extérieur. Je vais tendre l'oreille à ses enseignements, remercier les dieux, mes aïeux et ma petite soeur de veiller sur nos coeurs. Et au moment de sombrer dans les bras de Morphée je remercierai aussi cette vieille Grand Mère venue du Nord pour me transmettre sa sagesse et lui adresserai une ultime prière;  celle de m'apprendre à marcher, danser et chanter lors de chacune de mes traversées !



mercredi 2 janvier 2019

Rituels pour s’imbiber de soi

Par les temps qui courent, nous courons souvent, beaucoup, partout, tout le temps.
Nous courons après notre temps pour accomplir nos tâches, effectuer notre travail, être présents auprès de nos enfants, devenir de meilleures personnes, tenter mille et un cours de perfectionnement ou de développement de soi, pour nous ressourcer et tenter d’exister. Cela peut s’avérer très inspirant mais aussi épuisant. Et dans cette quête essoufflée, il nous arrive de nous perdre…  nous perdre de vue, perdre nos repaires et finalement courir après un mirage qui trop souvent laisse un vide de sens.

En ce début d’année je vous propose de revenir à vous, à votre antre, à votre cœur, à vos rêves, à vos besoins, à vos aspirations les plus profondes même si elles sont inavouables, à contre courant ou totalement éloignées de ce que vous étiez auparavant.

Revenir à soi
C’est ce dépouiller de nombreux artifices; ceux qui nous protègent, ceux qui nous rendent fières, nous font briller, exceller ou parfois chuter.
C’est se regarder en face,  accepter nos imperfections, nos rides, nos cheveux grisonnants, nos cicatrices, nos mous de ventre, ce qui brille ou ne brille plus au fond de nos yeux, au fond de notre âme.
C’est arrêter de se mentir, de se raconter des histoires, de se fixer des objectifs pour tenir qui en fait à petit feu nous font mourir.
C’est oser se sentir, se respirer à pleins poumons sans anti odorant, huile essentielle, crème parfumée et humer ce relent d’animal et de sauvage.
C’est avoir le droit d’être fatiguée, de crier, de refuser, de hurler … à la lune plutôt que contre chacun et chacune.
C’est demeuré tapis au fond de sa grotte pour se reposer, se retrouver, écouter son cœur battre et s’en trouver réconfortée.
C’est se dresser dans la lumière, grande et fière sans craindre de prendre trop de place, se justifier ou tergiverser.
C’est plonger dans nos zones d’ombres avec la confiance qu’elles nous ramèneront à la surface telle une gigantesque marée chargée de nous charrier dans nos profondeurs avant de nous ramener à la lumière.
C’est se libérer, se libérer des convenances, des statuts, des attentes, des comparaisons.
C’est arrêter de demander l’autorisation, l’approbation.
C’est consentir à Être. Être unique, pas comme la voisine, pas comme notre mère, pas comme notre frère, pas comme notre collègue, pas comme dans les magazines, publicités et autres réseaux sociaux.
C’est s’imbiber de soi, remonter à la source dont parfois nous avons perdu la trace.
C’est se perdre, tendre l’oreille, tout arrêter et se retrouver.
C’est créer.
C’est faire des choses sans savoir pourquoi.
C’est écouter sa petite voix.
C’est marcher dans la beauté de qui nous sommes.
C’est se permettre d’être entière, intègre, authentique, sensible, vulnérable.
C’est se donner du temps pour s’écouter, se souvenir et se cueillir …
C’est se recueillir auprès de soi, au creux de nos bras.
C’est se retirer du monde pour mieux tisser avec lui.
C’est exister et rayonner.

Si ça semble très simple, c’est pourtant bien plus facile à dire qu’à faire.
Se donner du temps, s’offrir le calme, se permettre de se retirer du monde est en fait exigeant et demande un grand engagement, un profond respect pour notre quête et l’assurance que nous en valons la peine. C’est un grand rite de passage qui prend son ancrage dans tous les petits moments où vous serez vues, entendues et reconnues dans vos pas tumultueux, audacieux, intuitifs et sauvages. C’est la raison pour laquelle la yourte se dresse au milieu de la clairière, pour vous accueillir en dehors du monde, vous guider, vous honorer dans ce grand cycle de renouvèlement de vous même et créer un cercle de partage, chargé de vous soutenir lors de vos rendez-vous avec vous même.

C’est une invitation, un temps hors du temps, juste pour vous… pour chevaucher ce qui vous habite, vous laisser traverser par l’instant présent et oser vous déposer au fil des mois, de ce que la nature nous murmure, de sa médecine, afin de nourrir vos rêves et projets tout au long de l’année !


Les rencontres se tiendront à la yourte une fois par mois à la date déterminée en fonction des personnes inscrites !
(il reste encore quelques places alors faites moi signe!)


Et parce que vous êtes de plus en plus nombreuses à regretter d’être loin, via skype, tous les deuxième samedi Am du mois

Au plaisir de tisser ensemble ce fabuleux chemin qui nous mène au cœur de nous même !
Info et inscription
info@chemins-de-traverse.ca