mercredi 3 avril 2019

Le grand Réveil

Il y a quelques mois, alors que nous étions en décembre et que l’hiver entrait doucement dans nos vies, j’ai réalisé un rituel, une célébration de l’hiver avec les familles de mon coin. Nous avons chanté, raconté des histoires, apprivoisé ce que l’hiver avait à nous chuchoter, puis nous avons conduit la mère Ourse dans sa tanière. C’était un moment solennel; dégager un petit endroit au creux d’une racine, rassembler quelques mousses et brindilles en guise de matelas, l’y déposer et s’en aller.

L’y déposer et s’en aller.
En posant ce geste chacun de nous laissait quelque chose sur lequel il fermait la porte, quelque chose qui dormirait tout au long de l’hiver et qu’il nous tarderait de retrouver le printemps venu. Au moment de déposer l’Ourse au fond de sa tanière je me suis sentie très émue, ce n’était pas que symbolique. Tout mon corps et mon âme semblaient me dire : « Tu es sure ? Tu es vraiment sûre ? Il ne s’agit pas juste d’une histoire racontée lors d’une fête, il s’agit de déposer et d’enfermer quelque chose de précieux pour les prochains mois… et les prochains mois tu sais à quel point ils peuvent être durs ! Es-tu certaine que tu sauras faire sans l’Ourse tout au long de l’hiver ? »
Parce que oui concrètement j’utilise beaucoup ma figurine d’Ourse et tout ce qu’elle représente dans les différents ateliers que je propose. L’Ourse a une place de choix dans les centres que je dresse pour concentrer notre attention. Mais surtout l’Ourse incarne la force, le caractère, la protection, le dévouement, l’assurance et la prestance. Étais-je sûre ? Saurais-je faire sans ? Je ne le savais pas, mais j’avais envie d’essayer car l’ourse incarne aussi une grande sagesse, celle de savoir s’arrêter, de ménager ses forces, de consentir à ce qui est, soit un long hiver. L’Ourse a aussi cette extraordinaire capacité de décaler sa gestation. Moi qui veut tout, tout de suite et à ma façon, quel puissant enseignement ! Ralentir, me reposer, mettre mes projets sur pause, me laisser avaler par la neige jusqu’à presque disparaitre du monde, me faire oublier, ne plus me battre et m’enfoncer dans ma tanière, descendre, m’enfouir au plus profond de moi là où se logent tant mes ténèbres que mes lumières.

Je l’ai fait, pendant de longs mois, consentir à ralentir.
Tenter d’initier quelque chose, de mobiliser des parties de moi et me rappeler que non. Non je ne pouvais pas. J’avais pris l’engagement de ne pas utiliser ces qualités, ces manières de faire ou trait de caractères qui dormaient au fond de la tanière. Alors j’ai dû faire autrement ou laisser aller, consentir à ne pas tout contrôler, à vivre avec une énergie limitée, à mettre de côté de nombreux projets.

Il y a quelque chose de puissant dans cette médecine, une forte confrontation entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’invisible et ce qui paraît, entre la pression que peut exercer la société et ce dont peut rêver notre unicité. Ainsi je n’ai rien fait ou si peu. J’ai été très peu active ou productive dans mes différentes implications, pire que tout puisque j’ai consenti je n’ai pas ouvert mon manuscrit. Je n’ai pas écrit, rien, pas une ligne, par l’ombre d’un avancement, aucun pas dans l’échéancier, même pas un petit quelque chose susceptible de m’encourager. J’ai plutôt chaussé mes raquettes, me suis promené dans les profondeurs de la forêt qui ne manquaient d’amorcer de longs dialogues avec moi même. J’ai pisté les renards, les lièvres et les écureuils comment autant de chemins à suivre, à découvrir, à parcourir. Je me suis reposée sur le dos de mon cheval tandis qu’il continuait à manger. J’ai respiré, amplement, profondément chaque fois que son immense cage thoracique s’emplissait d’air et semblait m’insuffler un peu de paix et de calme, de confiance et de sérénité. J’ai observé les grosses vaches à mes parents couchées au soleil, occupées simplement à ruminer et à nourrir la vie qui se déployait dans leur ventre. En étant présentes à ces instants j’ai rapatrié des morceaux, pansé des blessures, apprivoisé d’autres perspectives. Je me suis donné du temps… le temps d’absorber cette vie tonitruante qui ne cesse de nous bousculer. J’ai câliné mes enfants et assisté à un nombre incroyable de match de hockey au cours desquels j’ai tellement pleuré parce qu’en vrai c’est toute une autre game qui se jouait. L’air de rien, sans que rien ne paraisse, j’ai honoré. J’ai honoré. J’ai honoré.

Puis le Soleil a commencé à se faire sentir sur ma peau, les jours ont grandi et je me suis dit qu’il était tant de célébrer le printemps. J’ai envoyé les invitations et commencé à préparer la célébration. Au détour d’une rencontre en ville une petite fille m’a demandé si nous allions sortir l’Ourse de sa tanière. Je ne sais pas précisément ce que cela représentait pour elle, mais peut-être une forme de hâte, l’impatience d’une surprise réservée pour plus tard, l’imagination d’une transformation. Oui nous allions sortir l’Ourse de sa tanière ! J’allais enfin retrouver ce qui m’avait manqué, j’allais redevenir forte et combattive, puissante et impliquée. Y étais je prête ? Voilà qu’il me fallait refaire le chemin inverse. Sortir de ma tanière, consentir à sortir. Rallier l’extérieur, retourner m’alimenter avant d’épuiser mes réserves et mettre au monde ce qui avait hiberné tout l’hiver. Tout à coup l’impatience et l’exaltation fit place à une grande fatigue. De ces fatigues dont les herboristes, naturopathes, ostéopathes, acupuncteurs peuvent nous aider à soulager, de ces fatigues qu’il est possible d’accompagner et de purger afin de laisser place à une nouvelle vitalité. Une vitalité qui peut mettre un certain temps à s’installer, car lorsque l’Ourse sort de sa tanière souvenons nous qu’elle est amaigrie, efflanquée, que ses premiers pas seront gauches et sa fourrure en lambeau. Il lui faudra tout l’appui de la belle saison pour retrouver son entièreté et porter au monde le fruit de ses rêveries.

En attendant les enfants et leurs parents sont venus célébrer le printemps. Nous avons rallumé le Soleil, réveillé la Terre à grand coup de tambour, chanté la pureté de l’Eau, sorti l’Ourse et son petit de sa tanière et appelé le printemps en lançant des pigments colorés imbibés de nos souhaits et intentions pour cette nouvelle saison. Lorsque tout le monde fut parti, je me suis retournée une dernière fois; sur les lieux de notre célébration l’Ourse prenait l’air au milieu des couleurs, les couleurs de cette ferveur à croire en la vie, en son cycle infini. Alors en rentrant à la maison j’ai ressorti mon manuscrit ! C’est encore laborieux, à l’image de ce printemps qui semble ne pas savoir ce qu’il veut, qui hésite entre l’hiver et le dégel de la rivière. Mais comme on sort ses pots et sa terre pour faire ses semis, je suis sortie de ma tanière et j’ai écris. Une page à la fois, une rature à la fois, c’est qu’au creux de cet hiver j’ai appris à consentir, faire taire la guerrière et écrire comme on adresse une prière.

Pour celles qui souhaiteraient se joindre à ce grand réveil de nos graines, le rendez-vous est le 28 avril à 13h30 à la yourte Eskoumina !
Plus d'infos sur les rituels www.chemins-de-traverse.ca

mercredi 20 mars 2019

Rituels de Printemps

Avec mars arrive doucement le printemps.
Le rêve de sortir dehors en toute liberté, sans devoir préalablement s’emmitoufler.
Celui du retour de la clarté et d’une certaine vitalité.
Nous prend alors l’envie de fêter, de célébrer et d’honorer !!!

Célébrer la fin de l’hiver,
… c’est honorer notre force et courage de peuple du nord, qui vaque à ses activités malgré la froidure et la noirceur de bonne heure.
… c’est émerger doucement de notre cocon hivernale, de notre intériorité pour à présent explorer de nouvelles contrées.
… c’est se lier au cycle de la nature et reconnaitre ses effets sur nous, nos rêveries, nos projets, notre maisonnée et même notre sexualité.

Célébrer le printemps,
… c’est triompher une fois encore des ces longs mois d’enfermement et d’isolement.
… c’est revenir à la vie avec envie.
… c’est se régénérer, se métamorphoser et bientôt s’envoler en toute légèreté ou s'enraciner dans nos projets !

Ainsi au fil des époques et traditions le printemps a toujours constitué un passage, celui de l’ombre à la lumière, de la dormance au réveil des sens, que chacun marque à sa façon afin de symboliser son éclosion.

Ménage intérieur
Au Québec persiste l’habitude du Grand ménage ! Murs, plafonds et planchers sont frottés, lessivés, astiqués, aérés afin de les débarrasser de toutes les impuretés accumulées. C’est aussi l’occasion des grands tris et de se délester de tout ce qui n’est plus utilisé ou apprécié. Le même procédé peut être envisagé pour notre corps/cœur/âme ! Laisser derrière nous ou rompre avec des états qui ne nous sont plus bénéfiques. Faire le ménage de nos humeurs, habitudes, émotions et abnégations, le nettoyage de notre corps par le biais de jeûnes, cures, massages, réitérer nos choix, organiser nos idées et projets. Et ainsi tendre doucement vers la lumière, la croissance, l’épanouissement !

Ritualiser
Ritualiser permet de mettre en scène notre intérieur, de faire du théâtre pour notre subconscient, d’ouvrir un espace hors du temps pour apprécier quelque chose de précieux.
Avec nos tempêtes de neige, les entrées encore pleines de bottes, tuques et mitaines, mettre en scène le printemps peut nous aider à y croire vraiment ! Pour se faire on peut installer une petite table de saison sur laquelle différents symboles printaniers se chargeront de relayer notre imaginaire; branche dans l’eau à faire bourgeonner, figurines d’animaux sortant de leur hibernation, œufs, histoires, etc.
On peut également préparer un gâteau en hommage à la Terre Mère et ce qu’elle s’apprête à accomplir et nous à chérir ! Une pâte chocolatée illustre à merveille le terreau fertile. On pourra ajouter à celle-ci des noix, des baies ou des pépites de chocolats pour représenter les graines en dormance qui bientôt se réveilleront. Les plus gourmands complèteront avec des jujubes en forme de vers de terre et de grenouilles racontant ainsi l’émergence de ces derniers. Et le gâteau, une fois cuit, pourra être nappé de yogourt à la vanille, blanc manteau de neige, sous lequel se réveille doucement la Vie !

Se sucrer le bec
Quelle belle tradition que celle du temps des sucres ! Se retrouver en forêt en famille, entre amis, parfois s’y promener à bord d’un traineau attelés de chevaux et ainsi se remémorer le mode de vie de nos ainés. Passer son doigt sous le chalumeau planté au creux de l’arbre et récolter quelques gouttes de cet élixir sucré. Entrer dans la cabane, humer les effluves caramélisées, chanter, danser ! Quel délice, quel privilège, que de gouter au réveil de la nature, à la montée de la sève avec tant d’abondance, de douceur, de candeur et de bonne humeur !

Apprécier
Apprécier le soleil qui commence à chauffer et qui peu à peu recharge nos batteries ! Apprécier cette nouvelle douceur en faisant le lézard ! A l’abri du vent, même dans votre manteau d’hiver, ouvrez un livre et savourez. Savourez ce bonheur tranquille de lire dehors, de sentir la chaleur sur notre peau, de laisser nos narines flirter avec le vent, l’air frais et les nouvelles odeurs qui commencent à se pointer et nous titiller !

Honorer, faire des offrandes
Pour de nombreux animaux et végétaux l’hiver a été rude, les conduisant à puiser dans leurs réserves, tout comme nous les humains. Il peut être bon de prêter main forte à ceux qui nous entourent !
Il est possible de ;
… confectionner un pain pour les oiseaux à l’aide de gras, pains secs, fruits et graines
… offrir notre sang menstruel à notre arbre préféré, celui qui nous donne force et espoir, celui dont la magnificence relaie nos quête de sens.
… inviter une amie à marcher à se reposer, pendant que nous veillerons sa maisonnée.

Semer
Semer les petites graines que bientôt nous transplanterons au potager ou au balcon ! Et pourquoi pas du même coup, mettre en terre nos engagements, orientations, souhaits et ce que nous désirons voir pousser !

Regarder le Soleil se lever
Chez les Navajo ont apprend tout jeune aux enfants à observer le Soleil se lever. C'est une façon de se remplir de lumière, d'honorer le moment présent, de prendre conscience du nouveau jour qui se lève et de tout ses possibles. Regarder le Soleil se lever, c'est s'éveiller tôt à un moment où tout est encore calme et neuf. Un moment magnifique à s'offrir pour cultiver le lien à soi et sentir lier à plus grand que soi, cette incroyable magie qui opère chaque jour sur la Terre.

Le printemps étant la saison où l’on reprend vie, où l’on sort de notre coquille, il est possible que l’on ait envie de partager cette nouvelle frénésie entre amis ! Alors sans hésitation ni modération Sortez, Dansez, Chantez, Aidez !!! Comme en Inde célébrez la fête de couleurs, faites des corvées de ménage en gang, des journées de popote, des soupers de familles, des soirées cinéma-histoire-pyjama, des feux de camps et chocolat chauds … un dernier avant d’ouvrir le patio et la saison des piques-niques estivaux !

Dire sa bonne humeur, son émerveillement, sa gaieté ça fait toujours du bien ! Alors Partagez ! Accueillez ! Honorez ! Célébrer !!!

Bon printemps !

Le printemps sera célébrer à la yourte
Avec un rituel Parent/Enfant ce dimanche 24 mars, 9h30
Avec un cercle de femmes, ce dimanche 24 mars, 13h30

mardi 26 février 2019

Traverser nos tempêtes

Il y a peu j’ai écrit Marcher avec la tempête …
Je me rappelle qu’en l’écrivant je me suis dit « Tu es sûre, tu es capable d’assumer ce que tu dis, d’honorer ta Médecine au moment où le défi se présentera pour de vrai ?»  Le tout avec la sensation, qu’en partageant ces propos je jouais à l’effrontée et que l’Univers n’allait pas tarder à m’envoyer une épreuve juste pour voir si j’allais être cohérante. Je ne prétends pas que ceci soit une pensée saine ou rationnelle, c’est juste ce que j’ai ressenti. Après une certaine hésitation j’ai posté mon billet malgré tout.

Quelques jours plus tard j’étais en cercle lorsque mon téléphone a sonné. Normalement je ne réponds pas mais nous étions en pause alors j’ai pris l’appel. C’était la tempête ! Son souffle court, garant d’un blizzard à venir. J’ai inspiré profondément, rassemblé mes esprits et poursuivi le cercle. Lorsque tout le monde a été parti j’ai éclaté en larmes et réalisé que cette fois-ci mon compagnon ne serait pas à la maison pour me consoler à mon arrivée …
Alors s’est mise en branle une autre partie de moi-même trop bien connue, une sorte de pilote automatique; passer à la maison rassembler des effets personnels, foncer à l’hôpital le cœur lourd, se perdre dans un câlin trop plein de mots qui se veulent rassurants, prier tout ceux susceptibles de veiller et finalement récupérer les enfants, arriver très tard à la maison et bourrer le poêle avant de sombrer dans les bras de Morphée et entendre la tempête battre à mes tempes, me serrer le cœur, me fracasser de l’intérieur.

Le lendemain la tempête a redoublé…
Il faut un transfert en avion même si on ne sait pas s’il pourra décoller…
Les éléments sont déchainés,
La maison craque, tandis que mon âme se recroqueville sous les assauts des rafales et la mine défaite des enfants apeurés.
J’allume des chandelles, en quantité.
Créer un cercle de lumière, maintenir le fort en tant que Mère.

Plus tard, pour la première fois de toute ma vie, je laisse les enfants* seuls sans leur papa, seuls sans moi… et je sors, j’enfile mes raquettes et je pars marcher dans la tempête.
J’ai besoin de prendre de la distance, de m’enfoncer au fond des bois.
Marcher plus loin, toujours plus loin, m’enfouir profondément dans l’antre de la forêt.
Oublier momentanément toute la tension, toute la peur, toute la douleur.
M’affranchir, me délester…
Jusqu’à ce que j’arrive au pied d’une immense épinette, une mama toutes branches déployées qui naturellement forment un abri.
Ici tout est calme.
Le vent s’est tu.
Les flocons virevoltent tranquillement.
Le reste du monde n’existe plus.
Le péril est dissipé, envolé.
Je m’arrête, remercie et me laisse glisser au sol, là dans les bras d’une épinette.

Me déposer dans des bras plus grands que moi.
Mon cœur se calme, mes larmes se tarissent, ma colère s’estompe, la fatigue me gagne et je voudrais m’endormir ici. Me laisser glisser dans les bras de Morphée, m’engourdir par le froid et ne plus me réveiller. Juste tout oublier, ne pas devoir assumer, réconforter, veiller, espérer, prier … mourir à cette tempête dans la tiédeur des bras d’une épinette, loin au milieu des bois, là où je me sens chez moi.

Mais je me suis relevée.
Apaisée et déterminée à aller prendre soin de ma trâlée à veiller encore et encore, espérer que tout allait bien aller. Sauf qu’à force de marcher j’étais plus loin que ce que je pensais. Quand je suis sortie du bois j’étais à l’autre bout du champ, en plein désert blanc. Rien pour arrêter la tempête, contenir la poudrerie, atténuer les bourrasques. Marchant péniblement, courbée face au vent, les poumons en feu s’est maintenant que tout se jouait. Qui de la mort ou de la vie allait triompher ? J’ai cru que je n arriverai jamais à rentrer et me suis retrouvée à me demander ce qu’il allait advenir de mes enfants restés seuls à la maison, tandis que notre prince du Désert était sur la table d’opération. J’étais en pleine furie, en pleine confrontation avant de réaliser qu’il ne s agissait pas d’un combat, mais d’une danse... celle d’un puissant rite de passage. Consentir à la tempête, à ce que nos rêves soient malmenés, à lâcher prise, à perdre du précieux pour ne se raccrocher qu’au Sacré, cet espace invisible sans promesse ni certitude mais dans lequel se tient notre essence, alors l’épreuve se met à faire sens. Se dévoile un espace lumineux, numineux, même s’il est incertain non prévu, non planifié, non souhaité. Ainsi aux confins de ce grand Désert blanc se dessinait la piste d’un Renard. Mon animal Totem veillait, je goutais à ma propre Médecine et j’intégrais.

Depuis le Renard est revenu nous visiter, nous aidant à rafistoler nos cœurs amochés et à croire que le meilleur est à espérer.
Aujourd’hui, alors que la tempête s’ébroue depuis deux jours, nul besoin d’aller confronter les éléments, de titiller le sens de la vie, de prendre de la distance en quête de sens. Je suis restée au chaud avec toute ma tribu rassemblée, à apprécier nos morceaux rapaillés, à prier pour remercier et honorer ces pas marchés.
Le cercle Traverser nos Tempêtes se tiendra le 24 mars de 13h30 à 16h30
www.chemins-de-traverse.ca

* le plus vieux de nos enfants a 17 ans J 

mardi 19 février 2019

Rituels de pleine lune

Depuis quelques jours la lune se fait grosse, pleine et lumineuse.
Depuis quelques jours une panoplie d’articles annonce cette super lune et ses supers pouvoirs.
Je ne sais pas si cette pleine lune a des pouvoirs différents des précédentes, mais cette belle qui se fait de plus en plus ronde et pleine a le pouvoir de me rappeler le temps qui passe et surtout la cyclicité des choses. Cette cyclicité que nous humains avons balayé de nos vies pour vivre dans un calendrier quadrillé et linéaire où chaque chose est enfermée dans un espace bien délimité. Pourtant dans cette cyclicité se trouve l’âme de la Terre, le rythme des saisons, la course du soleil, le voyage des étoiles, les grandes migrations, les crues des rivières, celui des plantations puis plus tard des moissons, celui de la vie qui nait, grandit et meurt.

Dans la cyclicité se loge le fabuleux cycle vie mort vie, à petite dose, afin de nous permettre de l’apprivoiser une étape à la fois. Et dans cette conscience vit une confiance, parfois bien fragile, mais une confiance malgré tout suffisamment forte pour relativiser nos angoisses et tisser des ancrages; demain il fera jour, dans quelques mois le temps sera redevenu doux, bientôt la grande ours se sera retournée. C’est également l’occasion de précieux enseignements chargés de nous permettre de prendre la pleine mesure de nos gestes et pensées, de renouveler nos souhaits et nos priorités, de faire sens et de se lier à notre essence.

En apprivoisant la cyclicité que nous offre la nature, nous réapprivoisons la notre, découvrons nos rythmes biologiques, émotifs et créatifs. Nous nous éveillons alors à la possibilité d’appartenir ou à tout le moins d’être relié à quelque chose de plus grand plutôt que de penser tout contrôler. Tandis que cesse le contrôle alors s’invite la danse, la vie dans son foisonnement et son abondance, l’espace dans l’univers pour créer des synchronicités, des rencontres porteuses et la possibilité de marcher dans la beauté.

Alors pour cette magnifique pleine lune et toutes les autres à venir, qu’elles soient bleues, rouges, supers, invisibles ou je ne sais quoi d’autres, je vous invite à prendre un temps précieux. Un temps pour honorer le cycle qui vient de s’écouler, la fin de celui ci étant un grand moment d’intégration et de passage.
Intégrer ce qui est bon, remercier, laisser aller et s’engager de nouveau pour un autre cycle.

Ainsi vous pouvez commencer par vous offrir un moment pour nommer vos gratitudes.
Un moment au cours duquel il vous est possible de tout arrêter de vous offrir la paix et la sérénité. Quelques minutes pour respirer vos bonheurs, vos fiertés, votre courage, votre volonté, le message caché derrière une grosse colère, la pertinence d’une peine, l’immense valeur de votre vie.
Vous pouvez ensuite prendre un temps pour remercier.
Remercier ceux qui vous entourent, vous supportent. Remercier la Terre sur laquelle vous marchez et qui vous nourrit. Remercier cette lune qui vous veille et vous rappelle ce qui est immuable.
Puis vous pouvez laisser aller tout ce dont vous n’avez plus besoin.
Ce qui n’est pas porteur.
Ce qu’il n’est plus nécessaire de semer, d’attendre ou d’espérer.
Vous pouvez laissez aller des émotions négatives, des espaces où moments ou vous vous êtes jugées, culpabilisées, les regrets.
Finalement pour compléter le passage et apparaitre comme neuve à ce nouveau cycle qui s’offre à vous, cette occasion magnifique de vous renouveler, de recommencer, de repartir sur un pied aguerri, vous pouvez émettre des souhaits, prendre des résolutions, dégager vos priorités, renouveler un engagement, choisir et créer ce qui vous permettra de vous réaliser.

Comment faire tout ceci ?
C’est très simple ! Absolument comme vous voulez !
Vous pouvez le faire sur votre tapis de yoga, en vous promenant dans le bois, couchée dans votre lit avant de vous endormir, sous la douche au petit matin, seule, avec la personne qui partage votre vie ou encore en famille.
Vous pouvez le ressentir au plus profond de vous dans un silence absolu, le hurler en haut d’une montagne, en faire une ritournelle à fredonner.
Vous pouvez l’écrire dans votre cahier de vie pour préserver une trace de votre cheminement, le dessiner ou le peindre et l’accrocher au mur ou sur la porte du frigo tel un rappel.
Vous pouvez utiliser des pierres et des figurines, de la sauge et votre tambour, une bougie et une tisane.

Comme vous voulez tant que vous le faites si votre cœur, votre corps et votre âme aspirent à ce moment, que cette invitation fait du sens pour nourrir qui vous êtes et vous permettre de marcher le chemin qui est le votre dans la douceur, l’amour et la reconnaissance … des cycles qui nous traversent et nous chevauchent.

Comme vous voulez, car ces moments précieux vous relient à votre Sacré et dans cet espace se loge votre vérité, celle que votre petite voix vous murmure lorsque vous abattez les murs épais de votre calendrier bien souvent surchargé.



Pour celles qui aimeraient prendre part à certains rituels en lien avec nos différents cycles il reste deux places dans le groupe des 13 Mères Originelles et le cercle Femmes en cercle est ouvert à toutes au fil des mois.
Pour plus d'infos

lundi 14 janvier 2019

Rituels d'hiver


L’hiver est là depuis plusieurs semaines déjà.
Mais avant Noël ça reste l’automne. Même s’il fait froid, même si la neige tombe on est dans l’incertitude que tout ça est pour de bon. Puis le temps des fêtes arrive avec son cortège de décorations, de cadeaux, de veillées, de repas, de visites et d’excitation. Tant et si bien que nous commençons l’année fatigué,e,s et décentré,e,s.
C’est à ce moment que la médecine de l’hiver peut nous aider.

L’hiver est en lien avec le nord, le froid, la sagesse.
Et c’est la mère ours qui pour moi le représente le mieux.
Recroquevillée au fond de sa tanière, retirée du monde la voilà en gestation de ses projets à venir. L’hiver est un temps d’incubation, d’introspection. Un moment pour consentir à ralentir, se reposer et rêver … rêver à ce que nous ferons pousser lorsque la lumière sera de retour.
L’hiver c’est aussi une vieille grand-mère… une vielle grand mère sage, qui sait continuer de se bercer même si la tempête souffle dehors. Elle sait continuer de se bercer, parce qu’elle sait aussi que tout va passer, elle en est la preuve. Alors elle se berce et songe à ce qu’elle va transmettre, ce qu’elle va laisser de ses pas sages.

Dans sa lenteur et son immobilité l’hiver est un grand moment d’intégration et de régénération. Nombre de graines ont besoin de longues périodes de froid et de noirceur, sans quoi elles ne pousseront pas le printemps venu. Même si nous pensons être au-dessus tout ça, nous n’échappons pas à cette règle. Pour nourrir nos projets en devenir, il nous faut les couver, les maintenir au chaud, les veiller en prenant soin d’intégrer ce que nos expériences précédentes nous ont apprises.

Avec la cadence du monde d’aujourd’hui c’est plus facile à dire qu’à faire j’en conviens et c’est pour cette raison que j’ai eu envie de vous partager quelques rituels susceptibles de vous inviter à cette lenteur, au temps du rêve, afin de laisser l’hiver s’infuser en vous malgré l’exigence du quotidien.

Créer une table de saison
C’est un rituel que nous avons avec les enfants, mais qui peut très bien s’ajuster aux besoins de chacun. Il s’agit de choisir un petit endroit dans lequel nous allons figurer l’hiver. Chez nous, ça se passe sur le comptoir ! Chaque saison a son tissu, ses figurines, petits animaux afin de mettre en scène l’âme de ce que la nature nous offre, l’âme de ce dans quoi nous vivons sans parfois prendre le temps de s’en apercevoir, de l’observer, de le vivre. Prendre soin de figurer ce petit monde dans un coin de la maison, c’est prendre le temps de figurer cette saison dans un recoin de nous-même afin de s’en imprégner et de lui prêter attention.

Poser ses intentionsLorsque la table de saison est créée, nous déposons nos intentions; comment nous souhaitons vivre cet hiver, qu’avons-nous envie de ressentir en nous, quels sont nos besoins ? Quels sont nos rêves ?

Lire des histoires
Puis nous lisons des histoires.
Qu’il s’agisse d’histoires pour les enfants ou pour moi même, les histoires ont la vertu de nous transporter dans un ailleurs, de nous faire nous imaginer, nous projeter  et éprouver des sensations et émotions.
Ainsi l’Esprit de l’hiver nous pénètre peu à peu et se distille en nous.
Mon histoire préférée est sans doute la Légende de l’oiseau Arc en ciel. Une légende Crow qui a été déclinée de toutes sortes de façons mais qui d’une manière ou d’une autre nous ramène à l’essentiel; le besoin de chaleur, la couleur que l’on veut donner à nos vies et la nécessité de s’entraider.

Dessiner, peindre
Inspirés par ce que l’histoire nous a fait vivre, nous a permis de comprendre sur nous ou de mettre en lumière, nous prenons un temps pour dessiner. Dessiner, peindre nous invite à prendre un temps au calme, en famille ou en solitaire pour nous abandonner à nos pensées, nous laisser dériver, explorer et voir ce qui va émerger. Créer sans objectif d’esthétisme  c’est lâcher prise, arrêter momentanément de tout contrôler et laisser la magie opérer afin d’observer ce qu’elle a à nous raconter. 

Faire de la raquette

S’il vous reste de l’énergie et du temps, ou alors un autre jour, je vous invite à aller faire de la raquette. Dans les raquettes cet entrelacs  traditionnel de babiche et de bois se loge une ancestralité, un savoir fait de tradition, de rite et de transmission qui continuent de nous habiter, de nous transporter même si nous croyons avoir tout oublié. Marcher dehors en raquette c’est renouer avec ces temps anciens, c’est convier le corps et nos sens à notre quête, c’est se déplacer lentement et sentir l’air sec entrer dans nos poumons, le froid qui pique nos joues et faire des volutes de fumée à chaque expiration. Marcher dans la neige force à se sentir en vie, à sortir de notre tête pour se laisser happer par le monde qui nous entoure; les arbres dressés debout dans la froidure, les traces laissées par les animaux, le croassements de quelques vieilles corneilles, le chuchotement du ruisseau. Autant d’occasions de tendre l’oreille, de sortir de notre mental et de se promener dans de nouveaux espaces au dehors comme au dedans.

Tisane, chocolat chaud et bain parfuméAprès un moment vivifiant, rien de tel que de s’accorder un repos bien mérité. Peu importe que vous préfériez une tisane aux plantes de saison (bouleau, sapin), un bon chocolat chaud ou un grand bain, l’idée étant de s’offrir un autre moment de calme, de se réchauffer, de se détendre et de prêter l’oreille à ce qui se manifeste en nous. Dans ces moments de grande quiétude notre corps nous parle, notre petite voix aussi. Ils nous racontent l’allégresse ou la tristesse, l’énergie que nous avons où celle qui nous manque, les rêves qui naissent et ceux qui s’en vont. Dans ce tendre cocon hivernal se tisse un monde porteur de sens qui ne demande qu’à être entendu afin de pouvoir un jour s’incarner dans la matière et apparaitre au grand jour.

Bon hiver !



Tous ces rituels peuvent se réaliser seul, en groupe ou en famille.
L’important étant seulement de déterminer votre intention et de la partager avec ceux qui vous accompagnent ou veillent votre retrait momentané du monde.

Pour celles qui aimeraient le vivre de façon soutenue je vous donne rendez-vous dimanche le 20 janvier prochain de 13h30 à 16h30 à la yourte Eskoumina. Nous partirons ensemble à la rencontre du Rêve de la Femme Hiver.

Peut importe ce que vous choisirez et ce qu’il vous sera possible de faire ces rituels demeurent actifs et porteurs pour l’hiver entier, à vous de les répéter à souhait !

mercredi 9 janvier 2019

Marcher avec la tempête

Depuis trois jours une tempête s’annonçait !
Au petit matin le ciel est devenu blanc, gris et le vent s’est mis à souffler. Cette fois-ci c’était vrai.

Plus tard dans l’après-midi les flocons se sont mis à tomber, puis le vent a redoublé. À présent il neigeait à l’horizontal, les rafales se succédaient, tandis que les arbres ployaient sous les bourrasques. Ça m’a donné envie de sortir, sortir de mon confort, de ma tiédeur. Envie d’aller marcher dehors, envie de me sentir en Vie ! Marcher dans la tempête, me confronter aux éléments, me faire bardasser par le vent qui hurle à mes oreilles, me déstabilise et me soutient en même temps, perturbe mon équilibre. Jouer à ce jeu où arc boutée sur lui, je cherche un peu d’appui, jusqu’à ce qu’il me renverse où me lâche … dans les deux cas c’est la chute. Mais j’aime ce jeu de puissance, de nuance, de subtilité et de douceur à la fois, de défiance, de lâcher prise absolu en même temps que de grande mobilisation.
J’aime ressentir cette force qui peut faire fi de moi… me faire sentir peu de chose. Relativiser mon importance, mes responsabilités, mes engagements, mes souffrances et me laisser appartenir à quelque chose de bien plus grand. Me lier à l’univers toute entière.
J’aime savoir que lorsque je vais rentrer à la maison, tout va bien aller, je serai au chaud et en sécurité, entourée de ma famille adorée et en santé.
J’aime me rappeler nos rituels de tempête enfants, alors que nous faisions du pain avec notre maman.
J’aime sentir que si j’entre dans la forêt, tout est beaucoup plus apaisé. En retrait, à l’abri du monde, même de la tempête, la forêt me tend les bras, me berce et me protège.
J’aime voir les pistes des animaux, m’imaginer ce qu’ils ont fait aujourd’hui sans se soucier de ce fracas qui effacera toutes les traces de leur passage, ni craindre de ne plus retrouver leur chemin.
J'aime marcher et ne rien voir, devoir plisser les yeux et toucher au précieux, transportée dans une autre réalité.
J'aime me laisser chevaucher par cette fureur qui n'est que passagère, messagère.
J’aime ressentir au plus profond de moi que malgré la tempête la vie continue.
Et tandis que la force du vent m’emporte je me sens libre, libérée de tout ce poids qui pèse sur moi, comme si l’intensité du vent relativisait celle qui se tapit, se presse et se compacte dans les tréfonds de mon être.
J’aime ce moment où l’on peut se rendre, baisser les armes, arrêter de guerroyer et se reposer.
J'aime cette idée de pouvoir hurler à fendre l'âme tout en étant debout.

Le soir venu la tempête est installée. La maison se met à se tordre, à craquer, les vitres à vibrer. La tempête est là, rugissante. Alors je me mets à penser à cet après-midi où j’ai marcher avec la tempête et la possibilité, dans la vie, de marcher AVEC la tempête. J’aime les analogies que me propose la nature pour mieux comprendre mon quotidien, comprendre ce qui s’adresse à moi et qui fait que ma vie a du sens. Est ce que dans la vie nous pourrions marcher avec nos tempêtes, plutôt que de nous battre, de refuser en permanence, de s’empêtrer, de s’encolérer, de s’épuiser…
Aujourd’hui la réflexion ait aisé, je suis dans un moment de vie où ça va bien, même si c’est toujours risqué de dire ce genre de choses… comme si on craignait chaque fois le retour de bâton. Oui cultivons la gratitude, mais ne clamons pas trop fort que tout va bien, on ne sait jamais le vent pourrait tourner. Alors je le dis sans trop faire de bruit et en touchant plein de bois ! Mais c’est justement parce que je vais bien en ce moment, parce que je ne suis assaillie que par un nombre raisonnable de monstres, que je peux me permettre d’accueillir cette réflexion et de la partager… car nous le savons tous et toutes, quand la tempête survient, rugit et nous fracasse on accueille plus, on ne réfléchit plus, on ne partage plus, on est plus inspiré mais juste aspiré sans trop savoir comment ça va finir ni ce qui va nous arriver ou rester de nous. Et j’en convient il y a des tempêtes plus douces que d’autres; un incident à l’école est moins pire que l’annonce d’un cancer, et la perte d’un travail moins pire que celle d’un être cher. Il y a des marches plus faciles que d’autres… n’empêche  que l’on marche avec la tempête malgré tout, avec son intensité, avec ses havres de repos, avec les indices qu’elle nous laisse et ceux qu’elle efface. Et les femmes qui viennent à la yourte prendre part aux cercles de paroles et différents ateliers, me le rappellent régulièrement. Certaines d’entres elles traversent des épreuves très rudes. Au début de leur prise de parole, elles sont émues, confuses, en larmes, parfois même en gros sanglots, comme nous le sommes tous et toutes au moment où une tempête s’abat sur nous. Elles sont démunies, affaiblies, assaillies et puis à force de mots, l’intensité s'essouffle, s’estompe, les larmes se tarissent et souvent un sourire réapparait comme un soleil entre de gros nuages. La tempête semble passée… pas totalement, mais suffisamment pour pouvoir respirer, reprendre son souffle, retrouver sa trace. L’onde de choc, les plus grosses rafales, le corps à corps sont derrière. 

Il ne reste que le calme plat, le grand silence qui suit les déchainements, les pertes de contrôle. Le temps est à évaluer les dégâts, rapailler ses morceaux et aller de l’avant.  À présent l’esprit et le cœur allégés il devient possible de marcher avec la tempête, se laisser chevaucher par le grand vide qui a rendu le ciel limpide… comme une nouvelle page à écrire, un nouvel avenir à apprivoiser… le temps de réapprendre à marcher.

Ainsi les tempêtes nous permettent de nous démembrer tout en continuant d'exister. Elles opèrent comme une mue, une sorte de mise à nu à l'univers, un ultime consentement à cette grande marche sur Terre.

Ce soir enfouie sous les couvertures, mon bambin accroché au sein, bercée par les accords lancinants de mon grand, tandis que ma chipie chérie s'assoupie dans son lit et que l'homme nourrit le feu, je vais écouter la clameur et la fureur de la tempête, sans peur, car elle est à l'extérieur. Je vais tendre l'oreille à ses enseignements, remercier les dieux, mes aïeux et ma petite soeur de veiller sur nos coeurs. Et au moment de sombrer dans les bras de Morphée je remercierai aussi cette vieille Grand Mère venue du Nord pour me transmettre sa sagesse et lui adresserai une ultime prière;  celle de m'apprendre à marcher, danser et chanter lors de chacune de mes traversées !



mercredi 2 janvier 2019

Rituels pour s’imbiber de soi

Par les temps qui courent, nous courons souvent, beaucoup, partout, tout le temps.
Nous courons après notre temps pour accomplir nos tâches, effectuer notre travail, être présents auprès de nos enfants, devenir de meilleures personnes, tenter mille et un cours de perfectionnement ou de développement de soi, pour nous ressourcer et tenter d’exister. Cela peut s’avérer très inspirant mais aussi épuisant. Et dans cette quête essoufflée, il nous arrive de nous perdre…  nous perdre de vue, perdre nos repaires et finalement courir après un mirage qui trop souvent laisse un vide de sens.

En ce début d’année je vous propose de revenir à vous, à votre antre, à votre cœur, à vos rêves, à vos besoins, à vos aspirations les plus profondes même si elles sont inavouables, à contre courant ou totalement éloignées de ce que vous étiez auparavant.

Revenir à soi
C’est ce dépouiller de nombreux artifices; ceux qui nous protègent, ceux qui nous rendent fières, nous font briller, exceller ou parfois chuter.
C’est se regarder en face,  accepter nos imperfections, nos rides, nos cheveux grisonnants, nos cicatrices, nos mous de ventre, ce qui brille ou ne brille plus au fond de nos yeux, au fond de notre âme.
C’est arrêter de se mentir, de se raconter des histoires, de se fixer des objectifs pour tenir qui en fait à petit feu nous font mourir.
C’est oser se sentir, se respirer à pleins poumons sans anti odorant, huile essentielle, crème parfumée et humer ce relent d’animal et de sauvage.
C’est avoir le droit d’être fatiguée, de crier, de refuser, de hurler … à la lune plutôt que contre chacun et chacune.
C’est demeuré tapis au fond de sa grotte pour se reposer, se retrouver, écouter son cœur battre et s’en trouver réconfortée.
C’est se dresser dans la lumière, grande et fière sans craindre de prendre trop de place, se justifier ou tergiverser.
C’est plonger dans nos zones d’ombres avec la confiance qu’elles nous ramèneront à la surface telle une gigantesque marée chargée de nous charrier dans nos profondeurs avant de nous ramener à la lumière.
C’est se libérer, se libérer des convenances, des statuts, des attentes, des comparaisons.
C’est arrêter de demander l’autorisation, l’approbation.
C’est consentir à Être. Être unique, pas comme la voisine, pas comme notre mère, pas comme notre frère, pas comme notre collègue, pas comme dans les magazines, publicités et autres réseaux sociaux.
C’est s’imbiber de soi, remonter à la source dont parfois nous avons perdu la trace.
C’est se perdre, tendre l’oreille, tout arrêter et se retrouver.
C’est créer.
C’est faire des choses sans savoir pourquoi.
C’est écouter sa petite voix.
C’est marcher dans la beauté de qui nous sommes.
C’est se permettre d’être entière, intègre, authentique, sensible, vulnérable.
C’est se donner du temps pour s’écouter, se souvenir et se cueillir …
C’est se recueillir auprès de soi, au creux de nos bras.
C’est se retirer du monde pour mieux tisser avec lui.
C’est exister et rayonner.

Si ça semble très simple, c’est pourtant bien plus facile à dire qu’à faire.
Se donner du temps, s’offrir le calme, se permettre de se retirer du monde est en fait exigeant et demande un grand engagement, un profond respect pour notre quête et l’assurance que nous en valons la peine. C’est un grand rite de passage qui prend son ancrage dans tous les petits moments où vous serez vues, entendues et reconnues dans vos pas tumultueux, audacieux, intuitifs et sauvages. C’est la raison pour laquelle la yourte se dresse au milieu de la clairière, pour vous accueillir en dehors du monde, vous guider, vous honorer dans ce grand cycle de renouvèlement de vous même et créer un cercle de partage, chargé de vous soutenir lors de vos rendez-vous avec vous même.

C’est une invitation, un temps hors du temps, juste pour vous… pour chevaucher ce qui vous habite, vous laisser traverser par l’instant présent et oser vous déposer au fil des mois, de ce que la nature nous murmure, de sa médecine, afin de nourrir vos rêves et projets tout au long de l’année !


Les rencontres se tiendront à la yourte une fois par mois à la date déterminée en fonction des personnes inscrites !
(il reste encore quelques places alors faites moi signe!)


Et parce que vous êtes de plus en plus nombreuses à regretter d’être loin, via skype, tous les deuxième samedi Am du mois

Au plaisir de tisser ensemble ce fabuleux chemin qui nous mène au cœur de nous même !
Info et inscription
info@chemins-de-traverse.ca