Cette année supplémentaire fait que toute l’insouciance de la petite enfance, la
confiance acquise au fil des années, toutes les journées appréciées à laisser
couler, sont un brin chamboulées, questionnées, revisitées, le temps de se
faire à l’idée. Le temps de faire taire les commères, les vieilles langues de
sorcières. Le temps surtout de produire notre plan d’enseignement à notre
chère, commissions scolaire. Un plan pour démontrer que l’on reste collés à la
réalité, dû moins celle que le programme a édictée. Un plan chargé de côtoyer
des matières imposées, des faits déterminés, des apprentissages encadrés,
balisés, structurés, pas forcément dignes d’intérêts, mais décidés, voir
imposés, par des pédagogues diplômés, soucieux d’éduquer (d’endiguer) et de
contrôler nos rejetons passionnés !
Aussitôt en dedans, j’ai passé un sale moment; enfermée à
respirer de l’air recyclé, sous des néons en rangées, pendant qu’il faisait
beau dehors, qu’à cette époque de l’année le soleil vaut de l’or, puisque
demain il ventera fort, et qu’au fil des mois à venir nous serons à moitié
morts !
J’ai tourné des pages de livres et de cahiers sans rien y
trouver… sans parvenir à m’empêcher de déprimer; j’aillais vraiment enfermer
mon fils dans ce monde cloisonné, le forcer à ingurgiter ces condensés, fragmentés,
succédanés de la réalité, pré mâchés, préparés pour être assimilés, puis
éprouvés, testés, évalués… avant d’être oubliés.
Lorsque je
vois des pages pleines de facéties, homonymies, hégémonies, trigonométrie j’ai
du mal à y voir un sens avec la philosophie ou la poésie de la vie. Je sais
certains m’accuseront d’utopie et me rappelleront que seuls les mieux formés se
feront embaucher alors que l’avenir semble troublé. Seuls quelques-uns auront
accès au succès, destinés à cartonner, à se faire envier, à parader leur
notoriété. L’heure est au marathon d’échelon, d’ascension, de rémunération et
fiston que ce soit clair, ça commence dès le secondaire, n’en déplaise au cœur
de ta mère !
Mais si on ne
vit pas de l’air du temps lorsqu’on est enfant, ou même adolescent, quand vit
on tranquillement ? Quand vit on sa légende personnelle, celle qui nous
murmure et nous appelle. Parce qu’après, on aura été tellement bien briffé, que
l’on commencera sagement à travailler, pas forcément dans un domaine qui nous
plait, à assumer nos responsabilités, éduquer notre trâlée, cumuler, cotiser,
préparer notre retraite anticipée ... Et finalement enfin en profiter à
condition de ne pas tomber malade, devenir maussade ou tout simplement finir
par trouver la vie fade, tomber dans une embuscade.
Attendre d’être
retraite pour (ré) apprendre à chanter, danser, rêver, renouer avec tout ce que
nos cours nous auront fait oublier, mettre de côté, abandonner.
Je ne sais pas
si mon garçon vibra vieux, s’il connaitra des moments glorieux et encore moins
s’il aura le loisir de couler des jours heureux ou de faire des envieux.
Par contre aujourd’hui
hui je sais.
Je sais qu’il
m’est arrivé de le forcer à travailler dans ses cahiers.
Je sais qu’il
m’est arrivé de lui gâcher ses journées.
Je sais qu’il
m’est arrivé de le bousculer, de le désillusionner.
Je sais que c’est chose du passé.
Je sais que c’est chose du passé.
Je sais que je
vais m efforcer de ne plus jamais recommencer.
Je sais que
veux le laisser apprendre en liberté avec toute sa curiosité et son authenticité.
Je sais que je
veux m’appliquer à le laisser se développer pour qui il est, de façon à ce
qu’il puisse offrir son monde intérieur, à la création d’un monde meilleur.
Bonjour
RépondreEffacerJe me suis aussi sentie comme ça avec le début du primaire. Vite, il faut qu'il apprenne à lire et qu'il suive le curcus!
Cindy D
Oui c'est vraiment dommage, cette pression, cette invasion dans nos maisons jusque dans notre manière d'être ...
RépondreEffacerje découvre vos mots..c'est merveilleux de vous lire....
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