vendredi 21 février 2014

Montée de lait suite et fin



Sincèrement je suis pour l’allaitement.
Je suis convaincue de ses bienfaits en plus de la sérénité que l’on peut y trouver.
Mon premier petit trésor adopté, a demandé à téter dès son arrivée.  Je l’ai laissé en profiter chaque fois qu’il l’a demandé… tétée symbolique, relation symbiotique. Tout pour créer un rapprochement, moment d’attachement, bienfaisant.
Dans l’attente de  l’arrivée de nos filles, forte de ce que notre petit homme m’avait appris, j’ai induit une lactation à grand renfort d’infusion.
Quant à notre dernier né, à cause d’un accouchement éprouvant, l’allaitement a été compliqué; pour commencer montée de lait retardée, puis carabinée, seins engorgés, bétonnés, let’s go le tire lait, la douche à grands jets ! Vous connaissez !
Puis bébé qui n’arrivait pas à s’accrocher pour téter.
J’essayais… je doutais, je pleurais, puis m’y remettais.
J’essayais… je doutais, je pleurais, puis je m’y remettais.
J’essayais…je doutais, je pleurais, puis je m’y remettais.
Bon vous avez compris, je voulais allaiter!
N’empêche qu’en attendant un dénouement, on l’a suppléé avec du lait qu’une amie nous a gentiment donné, puis horreur avec du lait maternisé, au petit doigt, au DAL, à la cuillère, on a tout essayé.
Mais rassurez-vous les femmes d’Haïti n’ont pas à surmonter de tels défis !

Puis un jour, miracle mon bébé a tété … pendant que les orteils me frisaient dans les souliers !
Mais pas question de le décrocher alors qu’enfin il buvait à petites goulées. Ça n’a pas raté, en moins de temps qu'il ne le fallait ; bouts de seins craqués, séchés, crevassés… c’est fou ce que j’appréciais allaiter ! J’étais fatiguée, peinée, fâchée… j’avais foiré mon accouchement, et j’étais en train de scrapper mon allaitement !

Ça non plus ça n’arrive pas aux femmes d’Haïti, du Burundi ou d’Éthiopie !

J’ai eu de la chance j’avais ma mère à mes côtés. Je me suis accrochée parce que j’y tenais, parce que je m’en voulais d’avoir biberonné mes premiers d’un lait commercialement préparé. Parce que je savais, voyais et vivais avec eux le manque qu’ils en conservaient. Parce qu'allaiter ce n'est pas seulement donner du lait. C'est prendre un temps non calculé, prolongé, collés, hors de la réalité, pour tisser un lien serré, se regarder, s'aimer, s'abreuver et se nourrir à volonté. Aussi parce que je souhaitais vivre cette portion de maternité, ce moment d’éternité, cette unité entre deux êtres liés.
Le sourire de la Madone je le voulais !
Puis comme on me l’avait dit ça c’est placé, j’ai goûté à la félicité, j’ai apprécié, paradé, cajolé, consolé avec mes nénés ! C’était il y a presque 3 ans et c’est toujours aussi plaisant. Sauf que je mange comme une truie sans prendre un pli, pire je maigris !

Mais pas de soucis, tout ça ne fait pas partie de la vie des femmes d’Haïti !

Avant j’étais convaincue des bienfaits de l’allaitement, et je le suis encore davantage maintenant. C’est pour ça que j’ai voulu organiser une grande tétée… pour que d’autres mamans et bébés en Haïti puissent eux aussi en profiter. Alors de me faire dire par l’OMC ou n’importe qui d’autre plus ou moins bien intentionné, que la malnutrition n’empêche pas d’allaiter, ça me donne envie de hurler, de revendiquer, de crier la vérité. Parce que je vis tous les jours avec deux petits amours, qui ont survécu à cet horrible malentendu. Si je suis profondément ravie qu’ils fassent partie de nos vies, il n’en reste pas moins qu’en Haïti deux mères ont dû renoncer à leurs petits.

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