mercredi 18 février 2015

Coupables

Oui les mères sont coupables.
Coupables de tout.
Et j'en suis. C'est ainsi !

Mais ce n'est pas de ce type de culpabilité auquel je fais allusion aujourd'hui.
Non je parle du fait d'être coupable d'avoir jugé une autre mère.
Depuis que je suis devenue une blogueuse, je me promène un petit peu sur les blogs des autres et j’ai souvent lu et entendu des trucs autour de ce fait. Pire les mères seraient des bitchs ! J’en ai parlé !

Je dois avouer que c’est un consensus qui m’irrite
… peut-être parce qu’il est vrai et que je ne veux pas le reconnaître
… peut-être parce que ça pète ma bulle et que je l’aime ma bulle
… peut-être que parce que dans le fait de se juger, cela sous entend que c’est mal… hors si le jugement n’est certainement pas la réaction la plus saine, la plus appropriée, ni la plus porteuse, je trouve aussi qu’à tout accepter sous prétexte qu’il ne faut pas juger mène à une acceptation de tout, pire à un non questionnement de ce qu’est le rôle d’une mère, de ce qu’implique la maternité, le fait de choisir d’avoir des enfants et d’avoir la plupart du temps un éventails de possibilités lors de nos décisions, un gestes et actions.

En 2015, en Amérique du nord, avec les nombreux privilèges et facilités qui font de nos vies ce qu’elles sont, je considère que l’on malmène nos enfants soit disant gâtés, qu’on les oublie, qu’on les cloisonne, qu’on les abandonne. Je pense qu’il est grand temps que l’on se questionne sur le pourquoi de notre envie d’enfant, sur notre désir de les accompagner, sur les conséquences de nos choix, sur la place qu’on leur fait dans notre vie, dans notre communauté et dans notre société, sur les répercussions de nos décisions tant sur leur personnalité, l’expression de leur identité et de leurs talents, que leur possibilité d’être empathiques et créateurs dans leur avenir. Je pense qu’il est tant de réapprivoiser nos instincts, de ramener nos enfants auprès de nous et que  l‘éducation ne se cantonne pas qu’aux savoirs académiques mais aussi à la transmission de savoirs ancestraux, à l’expérience humaine ainsi qu’au respect de la Terre.

Aussi lorsque j’ai vu cette vidéo
je n’ai pu m’empêcher de juger … pas les mères ou les pères, mais bien cette société dont nous sommes les sujets tant que nous nous complairons à tout accepter… société que l’on ne remet pas en question et qui place l’humain dans le moindre recoin en concurrence, en compétition alors qu’elle devrait s’atteler à préserver, protéger, cajoler, célébrer chaque petite parcelle de vie, chaque bribe sacrée qui nous est confiée et que nous avons le privilège de voir éclore … le miracle d’une petite existence qui s ‘en remet à nous …pour le meilleur et pour le pire.
J’ai aussi pleuré, bon d’accord je suis menstruée (ça aussi ça fait partie des réalités niées) avec la finale…  la finale où l’on voit des parents arrêter de s’écharper et de s’arranguer pour s’unir et sauver un bébé.
Mais pourquoi attendre le drame pour s’unir, la peur pour développer notre compassion et compréhension, le malheur pour s’atteler à trouver des solutions et faire émerger la solidarité.

Pourquoi ne pas s’engager depuis le début ?
Parce qu’avoir des enfants est bel et bien un engagement, un engagement dicté par notre instinct de survie… pourtant il semble que ce soit au moment où notre survie est la moins menacée que notre engagement soit le plus délaissé.

Et pour finir sur l’incongruité de la situation, cette vidéo est produite par un fabricant de lait en poudre. Lorsque l’expression de la fibre et du rôle parentale est induite par une machine à million, l’heure est grave… et nos enfants ne valent plus grand chose.


*Je parle ici des mères parce que les blogueuses font souvent référence à elles. Néanmoins il serait plus juste de parler des parents ou de parentalité car il serait dommage de nier un des bons côtés ne notre « évolution ».


*Bien que j’aime beaucoup ma bulle, j’en sors suffisamment pour savoir que l’expression de certains choix représente une difficultés majeure pour certaines mères ou parents et ces derniers ont toute ma compassion.

* l'image appartient à la mère coupable que je vous invite d'ailleurs à visiter !

* un billet très touchant sur le jugement entre mamans, ici

6 commentaires:

  1. Je ne pense pas qu'il faille tout accepter sous prétexte qu'il ne faut pas juger, MAIS il faut y penser 2 fois avant de juger... parce qu'on ne connaît souvent pas tous les détails de la vie de l'autre maman... parce que ça blesse... parce qu'au lieu de juger, parfois, on peut plutôt tenter d'informer sur des alternatives pour faire les choses. Ça c'est mon opinion et pour citer mon chum, semble-t-il que j'ai "peur d'avoir peur d'avoir peur de faire de la peine aux autres". Merci pour le bon mot sur mon billet :D

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    1. Prendre soin des autres, les respecter dans ce qu'ils sont est certainement la meilleure attitude. J'avoue travailler mon lâcher prise ... mais en même temps je trouve que l'indignation est nécessaire... pas super claire mon affaire :)

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  2. merci rebelle pour le poke, joli billet, et je pense qu'avant toute chose, il faut aussi savoir se remettre en question en tant que maman, et savoir parfois se juger soi-même et écouter les jugements des autres... cela peut aussi faire avancer... Il va de soit cependant que les jugements gratuits sans fondement méchants n'amènent rien... Pas facile de savoir faire la part des choses, pas facile d'être maman. Comme je le dis régulièrement, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a et avec nos propres expériences... Amitiés. la Mère Coupable

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  3. "on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a"
    Tout à fait d'accord avec toi !
    Et merci pour ta visite, ça fait super plaisir !

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  4. Bon article qui illustre bien le tiraillement. Parce que les choix d'autrui nous forcent aussi à justifier les nôtres... C'est pas facile de laisser l'égo de côté, d'aimer l'autre même si on aime pas ses choix, et de continuer à être bien avec les nôtres (et comme blogueuse, parent engagé, s'exposer en informant...) ; le choix que je fais même si comme tu dis, c'est ben dur dans notre société!

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  5. Effectivement !
    Et je dois dire que ce qui m'a fait réagir dans une idée que "les mères se jugent" ce sont toutes les fois où je me suis censurée volontairement pour ne pas créer un séisme... toutes les fois où l'on s'est permis de me dire des choses, alors que si dans ma position j'en aurais proféré le centième cela aurait provoqué un tollé.
    Du genre une maman à la maison peut se faire traiter de mère poule, ou de femme qui se fait vivre, mais on oserait jamais penser qu'une mère qui travaille à l'extérieur abandonne son enfant au profit de sa carrière, que celles qui choisissent l'école manquent à leurs responsabilités, que celles qui donnent des punitions ne cultivent pas l'empathie, etc.et c'est l'impossibilité ou la rare possibilité d'avoir de réelles discussions et débats qui m'irrite.

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