… du
moins c’est ce que je croyais.
Nous étions à l’aéroport, lorsque je l’ai aperçu l’air
triste, téléphone en main. J’ai d’abord pensé qu’elle laissait derrière elle un
amoureux, un enfant, un être cher.
Pourtant non. Je l’ai revu plus tard dans les bras de son homme, pleurer
à chaudes larmes, avec ses enfants autour d’elle. Je me suis dit qu’elle venait
d’avoir une très mauvaise nouvelle au téléphone… un accident, un parent
hospitalisé, en fin de vie, ou mort. Je l’ai croisée de nouveau sur le
stationnement, son tout petit dans les bras, ses yeux rougis et le reste de sa
tribu trainant leurs valises.
Cette mère en fait, avait tout raté… raté un grand rêve
qu’elle avait rêvé avec sa tribu adorée. En famille ils s’en allaient admirer
un étonnant spectacle de la nature, chorégraphie colorée éphémère en plein
désert. Mais surtout ils retournaient
marcher sur les traces de leurs années passées en terre sacrée, cette
fois accompagnés de leurs enfants tellement désirés. C’était un rêve… un rêve de longue date… un
rêve pour lequel on se mobilise et on économise. Un rêve qui allait se
concrétiser, simplement parce qu’ils n’arrivaient plus à y résister. L’appel
était perpétuel.
Ainsi ils avaient barré les jours sur le calendrier, s’étaient préparé, avaient mis les bouchées doubles pour boucler projets et dossiers
engagés, ressortir la garde robe d’été, vider le frigo, trouver une gardienne
pour les animaux, boucler les valises et sac à dos… toutes ces choses que l’on
fait lorsqu’on s’apprête à voyager ! Le grand jour était enfin arrivé, aux
petites heures du matin ils s’étaient engouffrés dans leur voiture, et avait
bravé la dernière de tempête qui s’acharnait à ralentir leur allure. Malgré ça
ils étaient arrivés à temps à l’aéroport, ils avaient retiré leurs gros
manteaux en duvet et les avaient troqués contre des plus légers. Le rêve allait
devenir réalité ! Pourtant au guichet d’enregistrement, impossible de retracer
les billets. A force de vérifications il s’est avéré que la maman, un tantinet
débordée, s’était trompée de journée. Leur vol avait décollé hier … il n’y
avait plus rien à faire. Pour cette maman souvent en retard, il était trop
tard. Trop tard pour rêver, trop tard pour se rattraper, trop tard pour se
recentrer, trop tard pour s’excuser et se faire pardonner.
Cette maman pourtant aimante et dévouée, se sentait coupable
et honteuse, d’avoir tout raté, d’avoir mal géré ses priorités, d’avoir manqué
à sa mission, négligé sa principale préoccupation, d’avoir tout simplement
délaissé son engagement, d’avoir fait rêver sa trâlée pour finalement
l’abandonner désappointée… Cette maman coupable et honteuse avait la sensation de s'être auto sabotée sans parvenir à décrypter le message caché dans cette épreuve jusque là insoupçonnée. Cette maman coupable et honteuse, n’avait pas la
possibilité d’échapper à cette irréversibilité et devait assumer d’avoir tout
gâché, d’avoir gaspillé autant d’argent, déçu ses enfants, sabordé leur espoir
confiant, provoqué leurs mots coupants…
Et pourtant …
Non seulement son amoureux
a clamé que la responsabilité leur incombait à tous les deux, a écouté
et accompagné le désappointement des enfants et aussi rappelé qu’ils étaient
tous ensemble, en vie et que rien de grave n’était arrivé. Ils allaient faire
un autre plan, en profiter et surtout
bien s’amuser. Quant à la Terre sacré ils y retourneraient ! Après un petit
moment d’hésitation et d’adaptation, les enfants ont consolé leur maman en lui
partageant toutes les choses qui faisaient que ce serait chouette de rentrer à
la maison. Ils y ont mis des câlins, des sourires, des mots doux et fleuris
comme on en rencontre pas souvent dans une vie.
La maman coupable et honteuse s’est remise à pleurer parce que l’air du temps aurait voulu que son adolescent lui cri des mots insolents, indécents pour manifester son dénis et son mépris… tandis qu’il n’a été que compassion et compréhension.
Que de la douceur, des fleurs, de la part de ses petits cœurs collés à elle, coupable et honteuse et en même temps heureuse… heureuse d’avoir une si belle tribu, d’avoir raté une date sur le calendrier, mais réussi à créer une merveilleuse maisonnée. Heureuse de réaliser l’ampleur de la confiance et de l’amour que ses enfants lui accordaient. Heureuse de réaliser à quel point les enfants aimaient leur vie au point d’apprécier de la retrouver même après avoir seulement rêvé.
La maman coupable et honteuse s’est remise à pleurer parce que l’air du temps aurait voulu que son adolescent lui cri des mots insolents, indécents pour manifester son dénis et son mépris… tandis qu’il n’a été que compassion et compréhension.
Que de la douceur, des fleurs, de la part de ses petits cœurs collés à elle, coupable et honteuse et en même temps heureuse… heureuse d’avoir une si belle tribu, d’avoir raté une date sur le calendrier, mais réussi à créer une merveilleuse maisonnée. Heureuse de réaliser l’ampleur de la confiance et de l’amour que ses enfants lui accordaient. Heureuse de réaliser à quel point les enfants aimaient leur vie au point d’apprécier de la retrouver même après avoir seulement rêvé.
Merci la Vie !!!
Oh lala, c'est vraiment plate pour les billets. J'ai pleuré en te lisant, ça serait tellement mon genre et je sais que je pleurerais, beaucoup. Je m'en voudrais, même si on s'entend qu'il y a des choses vraiment pires dans la vie. Je suis certaine que vous allez trouver des tonnes de choses tripantes à faire au Québec!
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