lundi 6 avril 2015

Voyage au bout de soi

Malgré le petit matin ensoleillé, le désir de voir les choses du beau côté, de s’essayer à philosopher, de lâcher prise pour voir où tout cela va nous mener, j’ai plutôt le goût de pleurer. De pleurer ma déception, de pleurer les valises à défaire alors qu’elles sont pleines de linge propre… pas de grains de sable, de branchages, de morceaux de feuilles séchées où de vêtements tâchés d’avoir joué, voyagé, exploré. Pas de sac miraculeux, contenant quelques objets précieux, rappelant des souvenirs heureux. La carte mémoire de mon appareil photo est désespérément vide, comme l’est mon cahier, spécialement acheté pour cet épopée. La seule chose bien réelle est cet impression de néant, ce poids, ce doute au fond de mon cœur… mélange de candeur et de peur.

Je suis déçue de ce rendez-vous manqué, de ce rêve encore une fois reporté, du sens que je n’arrive pas à trouver, du fait d‘être la seule à trainer les pieds, tandis que la maisonnée a déjà regagné ses projets !

Je songe au fait que l’on admire les voyageurs, les globe trotteurs,  les aventuriers de terres isolées, d’endroits peu fréquentés, de peuples oubliés, de contrées éloignées. On mesure leur courage et leur audace, notre estime et notre considération à leurs clichés rapportés, histoires racontées, moments partagés, embuches surmontées.

On fait toute une affaire de ceux qui parcourent les mers, chevauchent les déserts à dos de chameaux, séjournent dans des temples et ashrams pour faire évoluer leur âme, gravissent des montagnes ou adoptent simplement le pagne, promènent leurs souliers dans les plus grands musées, côtoient tant les volcans que les Balkans.

Pourtant…

Le plus grand défi est peut-être de rester en place… de se ressourcer à même son quotidien, de s’inspirer auprès des siens, de s’émerveiller de son propre chemin…

Le plus grand voyage est peut-être à l’intérieur de soi … dans les méandres de nos questionnements, dans nos insatisfactions autant que nos réalisations ou … résolutions, dans l’affres de nos peurs, terreurs et erreurs, dans nos moments laborieux, épineux, consciencieux auxquels il est si facile de résister, de se subtiliser, de s’affranchir pour continuer de sourire.

Parce qu’il en faut du courage et de l’espoir pour se coucher chaque soir et se lever chaque matin avec entrain, sachant pertinemment que nos journées vont se ressembler, qu’à priori on a rien pour chialer, même si on ne peut s’empêcher de soupirer, de douter, de se questionner. Il en faut du courage et de l’espoir pour recommencer ses journées où invariablement on va se démener et pourtant trébucher, se blesser, risquer de malmener et de froisser même ce que l’on a de plus ambitieux, talentueux, précieux. 
Il en faut du courage et de l’espoir pour vivre en paix avec soi, frôler l’harmonie et la tranquillité d’esprit, apaiser son corps de ses tords et remords, la maudite peur de la mort. Il en faut du courage et de l’espoir en sachant que notre œuvre est éphémère, nos pas comptés sur cette Terre.

Est ce que les voyages ne sont que des échappatoires, déviation du purgatoire ?
Peut-être, peut-être pas… je ne sais pas.
Ce que je sais, c’est que j’avais le goût de poser mes pieds sur cette terre sacrée qui m’appelait. Que j’avais le goût de le partager avec la tribu que nous avons créée… et que de l’avoir manqué me donne envie de pleurer.
Pourtant j’ai déjà un lopin de terre, que je vénère… un lopin de terre qui me fait vivre, grandir et chérir, le fait de le partager avec ma tribu tellement espérée et devenue réalité.
Là est peut-être mon ressourcement, la fin de mon assentiment et questionnement.
Ce que je sais … c’est que le voyage est déjà sérieusement entamé et pourtant il est loin d’être terminé … et en plus j’ai la chance d’y être joyeusement accompagnée …assez pour arrêter de pleurer.

1 commentaire:

  1. Chère Rebelle des bois, que d'émotions, de déceptions face à ce voyage tant espéré qui n'a finalement pas eu lieu! Je ne sais pas trop quoi te dire pour te réconforter, mais je te fais un gros câlin virtuel dans l'espoir que tes larmes cesseront de couler.

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