mardi 18 février 2014

Château de cartes



Je sais que TOUTES les mères vont se reconnaitre un peu, beaucoup, passionnément dans cette histoire. Néanmoins c’est à une amie que je dois l’expression du château de cartes !!!
Tout avait commencé la veille, en fin de soirée, alors que mon homme m’avait annoncé :
-         -  Je suis désolé, mais demain après-midi je vais devoir travailler.  Il y a un  des clients dont je t’ai parlé qui est de passage dans la région alors c’est l’occasion de lui faire une démonstration de la dernière version qui sortira à la prochaine saison !
-          - Mais j’ai rendez-vous j’ai l’ostéo, tu devais garder le trio ! J’ai déjà annulé la dernière fois, tu pourrais quand même penser à regarder ton agenda ! Je t’avais prévenu, c’était convenu !
-          - Bien alors je vais voir si je ne peux pas transformer ça en dîner…
-          - Non, ça ne marche pas non plus, j’ai une entrevue à la télé pour la grande tétée !!!
-          - Tant pis je vais annuler, tout laisser tomber… C’était une belle occasion, mais bon …
Voilà LA phrase qui tue, celle qui me fait me sentir coupable, incapable, misérable. Même si c’est lui qui n’a pas consulté le calendrier, je prends sur moi d’arranger ça. Alors me voilà à jongler, tergiverser, pour essayer de solutionner, cette journée pleine à craquer ! J’ai donc proposé;
-         -  Ok tu fais dîner les enfants à la maison, pendant que j’enregistre l’émission. Après je reviens les chercher, Lyanna pourra les garder et toi tu pourras travailler. J’irai à mon rendez-vous avec Petit Caillou. Ensuite j’accompagnerai Riviera à son examen de ballet et on se rejoint en début de soirée pour la grande tétée.
-          - D'accord, mais t’es sûre que ça ne te dérange pas, d’emmener Petit Caillou avec toi ?
-          Ben non voyons j’aurai rien qu’à l’allaiter pendant les manipulations et massages comme ça il sera sage ! Je prendrai une minute pour moi, une prochaine fois !

Levée de bon matin, la journée allait être intense, alors j’avais pris de l’avance.
Lorsque les enfants avaient émergés, le dîner était déjà en train de mijoter et les lunchs pour le souper étaient prêts ! J’avais gribouillé pour chacun une liste de tâches à effectuer, histoire d’orchestrer le rangement auquel il allait falloir s’atteler ! Et de maximiser le temps qu’il restait ! Et oui, les joies d’avoir un bureau à la maison, c’est que lorsqu’un client débarque toute la famille doit se mettre au diapason ! Et je ne sais pas vous, mais moi c’est lorsqu’on attend quelqu’un, que je prends la pleine mesure du bazar que l’on sème au quotidien ; l’encombrement de mon bureau, des comptoirs, les traces de doigts sur les panneaux d’armoires, la pile de courrier abandonné, les livres éparpillés,  les travaux de couture non achevés, la montagne de linge pas plié, la bataille de playmo qui sévit dans le salon depuis une éternité, les traces de pattes de chiens sur le plancher, le divan tâché, la cage du cochon d’inde qui aurait dû être nettoyée !

Et forcément, dans ce genre de moments, il survient toujours un incident !
En un instant le temps se met à rapetisser et les évènements à débouler !
Petit Caillou me demande un morceau de chocolat et parce que je n’ai vraiment pas le temps de négocier, je lui donne le ok ! En ouvrant la porte du frigo, un pot de moutarde glisse et se fracasse sur le plancher ! Ça doit vouloir dire que le frigo aussi a besoin d’être rangé ! Dans le même temps j’entends Mano s’époumoner :
-          - Maman vite, la toilette n’arrête pas de déborder ! Qu’est-ce que je fais ?
Non, je n’exagère pas, ça c’est vraiment passé comme ça ! Le tout sur fond de crise existentielle de la part de Riviera :
-          - J’ai mal au ventre, je suis fatiguée, je suis stressée. Maman, mon examen, je ne veux vraiment pas le rater.
-          - Mais non ma puce, tu ne vas pas le rater, arrête de pleurer. Viens là on va se câliner, ça ira mieux après. (Au diable la moutarde et le verre cassé sur le plancher et la salle de bain qu’il va falloir nettoyer, désinfecter, assécher.)
A ce moment-là c’est une partie du château qui vient de s’écrouler… mais avec un peu de patience et de doigté on aura le temps de recommencer !!!
Mais où est l’homme vous demandez-vous ? Mais parti laver sa voiture, bien sûr !
Quand il est enfin arrivé, avec son super client important, il y avait dans l’entrée : le tapis du chien qui n’avait pas été secoué, le chien qui n’a pas manqué de le lécher pour le saluer, tout un lot de mitaines en train de sécher, une guitare et un sac de danse que les enfants avaient vaillamment préparés, deux seaux d’eau attendant d’être transportés jusqu’aux animaux depuis que les tuyaux ont gelés (une longue histoire) … sans oublier les crochets surchargés !!!
Heureusement en discutant brièvement, le client s’est avéré charmant ! C’est qu’il avait 4 enfants, dont des triplés. Bref les débordements, il connaissait ! En plus, lui aussi avait son bureau à la maison et connaissait les limites de la conciliation !

Puis on s’est éclipsé ! J’ai déposé les enfants en catastrophe chez une amie et finalement même petit Caillou a voulu y rester pour jouer. Je suis arrivée chez l’ostéo vidée, un tantinet stressée et … nouée. J’avais une heure pour ne plus penser, parce qu’après le marathon reprenait ! Je commençais à décompresser quand mon cellulaire s’est mis à vibrer. Petit Caillou était tombé, impossible de le consoler, il me réclamait ! Plus le temps d'avoir mal au dos, bye bye l’ostéo ! J’ai récupéré mon bébé, l’ai allaité pour le consoler, filé au cours de ballet, pour ensuite aller préparer la salle ou se tiendrait la grande tétée !!!
Et devinez ? Toutes les journées à se démener, les communiqués, les passages à la télé, les montées de lait, ça n’a rien donné. Les entrevues, les moments où l’on y a cru, personne ne les a vus ni entendus … exceptées une maman et sa petite puce personne n’est venu ! Même les médias sociaux n’ont pas réussis à rameuter les mères et leurs marmots. Je m’étais mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude, au diable le lait en poudre !!!
Mais ce n’est pas grave, nous les mamans à la maison qui travaillons avec abnégation, sans salaire ni compensation, savons très bien que l’on peut s’être démenée toute la journée sans que pour autant rien dans notre charte, ne contre indique que tout puisse s’écrouler comme un vulgaire château de cartes !

Et puis à la dernière minute, deux amies se sont pointées… passées pour nous encourager. C’était chouette parce que ça a remonté le moral à Mano et Riviera qui étaient pas mal dépités. L’une d’entre elle a acheté une de nos fameuses tablettes de chocolat, issue du commerce de solidarité et a invité les enfants à la partager. Ragaillardis, les petits ont improvisés une partie de cache-cache dans la salle pendant que nous avons allaité et discuté. Finalement ça ne valait pas le coup d’en faire tout un plat, c’était une journée comme toutes les autres avec ses hauts et ses bas … chargée, dévouée, pleine d’espoir pour ma couvée ! 

Bonne tétée !!!

1 commentaire:

  1. À partir de la moitié de ton billet, je souriais... jusqu'à la fin! C'est le fun lire des histoires de vie chaotique, on se sent moins seule :)

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