jeudi 7 mai 2015

Quand l'austérité frappe la parentalité

Le soleil se levait, j’allaitais tranquillement mon petit dernier, pendant que les deux plus vieux dormaient à mes côtés. Un petit matin comme ceux d’hier et certainement ceux de demain. Le moment où je me délecte de mon petit monde assoupi et où je lis. La veille au soir j’avais terminé les mémoires de Maya Angelou que je vous conseille vraiment… pas super reposant, mais totalement inspirant ! Alors je me suis mise à feuilleter le Châtelaine que j’avais acheté la semaine passée. Pour tout avouer, c’est loin d’être ma lecture préférée, c’est beaucoup trop stéréotypé et je peine à m’y retrouver. Mais ce numéro traitait des mères et en digne mère de carrière je voulais voir de quoi le propos avait l’air. Et bien c’est clair, non seulement j’ai gaspillé mon argent, mais en plus je suis en colère !

L’article J’adore mes enfants, mais je n’en peux plus m’a fait frémir, bondir, donné envie de vomir ! Certes on a le mérite de sortir des tabous et d’oser parler de certaines difficultés liées à la parentalité mais on a oublié de rêver et de préconiser la diversité !

« Être parent c’est être à la guerre et se faire croire que l’on a du fun. »
Pas sur qu’en Syrie ou en Libye, les mères seraient ravies de lire de telles inepties !

« J’ai compris que je n’étais plus le personnage principale de ma vie. »
Pauvre petite chouette, on est 7 milliards sur la planète !

« En terme purement économique le petit Alphonse né dans les années 40 était un investissement il allait apporter des bras supplémentaires sur la terre familiale, mais la petite Coralie d’aujourd’hui coutera une fortune à ses parents, environ 200 000 $ avant de déménager à Toronto ou à Bahreïn. Comme stratégie d’investissement on a vu mieux ! »
Attention parents bienveillants à vos calculatrices il faut amortir la matrice ! Ok notre société en est une d’économie de marché, mais il y a quand même des limites à considérer nos enfants comme un investissement. On peut bien se montrer aussi exigeant en terme d’attente et de rendement !!!

Puis on y va d’une tirade sur le fait que c’est plus difficile qu’avant… que le cordonnier grec, le paysan laotien, l’aristocrate anglais et le cultivateur de l’ile d’Orléans savaient dans quelle monde allait vivre leur progéniture, il pouvait donc l’y préparer en conséquence. Mais maintenant dans quel monde évoluera l’enfant, qui fréquente un CPE aujourd’hui ?

Lets’go les portraits bourrés de préjugés ! Et en serait on à regretter un monde fait de statuts, de castes et de classes ? Puis tant qu’à faire j’ai le goût de vous parler de mes grands-mères. Mes grands-mères qui ont élevée une trâlée, tout en travaillant la terre, au cœur de la guerre; les nazis à fouiller dans l’écurie, les jumeaux dans le berceaux, les plus grands au champs, la broche à tricoter pour déloger ceux que l’on avait pas les moyens d’accueillir… de nourrir ! Pas sur que ma grand-mère a trouvé ça facile, pas sur non plus qu’elle manquait de respect à la génération précédente au point de bafouer son labeur histoire de redorer son illusion de bonheur !

Puis le CPE c’est pas une religion, ni une obligation. Personne ne se fera refuser l’absolution ou n’ira en enfer s’il décide de faire d’une autre manière.  Parce que oui, il est là le nerf de la guerre; arrêter de se laisser dire quoi faire. Parce que oui, comme le clame la fin de l’article nous vivons dans un monde d’ambition et de compétition forçant les parents à parer à tout éventualité pour assurer un future à leur progéniture. Un mode de vie exigeant, contraignant, essoufflant, épuisant … autant pour les parents que les enfants.

Mais à force de se faire prendre en charge de la clinique de fertilité jusqu'à la bourse d''université en passant par le congé de maternité, la garderie subventionnée, le primaire tout frais payé on en a peut-être oublié nos propres responsabilités et notre envie de s'impliquer. Parce qu'après tout dans notre contrée, personne n'est obligé d'enfanter, même si tous les pions sont placés ! Devenir parent peut parfois se révéler  effrayant, exigeant, fatiguant, mais c'est aussi et surtout l'immense privilège de pouvoir relayer la vie, de la chérir, de grandir, se s'émerveiller, de rêver et de créer. 

Mais qu’attendons-nous pour oser la liberté de se questionner et de créer, de contribuer à un monde qui n’est peut-être pas un monde rêvé, mais dans lequel on peut rêver… rêver d’une place pour chacun, de tendresse, de douceur, de temps… de temps pour être parents… de temps pour être parents bienveillants… de temps pour être parents bienveillants et confiants … de temps pour être parents bienveillants, confiants avec nos enfants… de temps pour être parents bienveillants, confiants avec nos enfants plus souvent.


A croire que l’austérité frappe aussi la parentalité !

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